dimanche 3 août 2008

XX e SIECLE : ESPOIR ET DESILLUSION


XX e SIECLE : ESPOIR ET DESILLUSION

En remontant le cours des siècles, on s’aperçoit que toute l’histoire de la psychiatrie, depuis l’Antiquité jusqu’à la veille du XX e siècle, est en fait une recherche constante des causes organiques de la folie.

Et à cette recherche correspond une façon de penser, de comprendre et d’accepter la déraison : elle est d’abord considérée comme une maladie physique, une perturbation corporelle. Ce qui n’empêche pas que l’âme, ensuite, puisse se mettre de la partie, et que l’on envisage aussi la nécessité d’un traitement moral. A l’inévitable traitement du corps s’ajoute celui de l’âme par la parole.

Mais la seule explication qui fait loi reste celle des théories organiques.

Dans les civilisations anciennes, la folie, comme toute pathologie, représente une corruption, une souillure, conséquences du péché, qui imposent une purification. Mal et maladie se confondent dans une même atteinte somatique.

Hippocrate, qui conteste pourtant l’origine surnaturelle des maladies, reste convaincu, qu’en cas de déraison, c’est le corps qu’il faut soigner, par des saignées, des purgations, des émétiques...

Au Moyen âge et à la Renaissance, on accuse le diable d’avoir pris possession du corps des fous, et de se manifester par des dérangements des humeurs.

Au XVII e et XVIII e siècles, l’insensé devient un aliéné. Il est celui qui s’est égaré, mais aussi celui qui a passivement laissé son corps et ses instincts animaux envahir son esprit. L’atteinte mentale qui en résulte n’est considérée que secondaire à une perturbation organique, à une corruption des solides et des liquides.

Au XIX e siècle, ce sont des lésions cérébrales qui sont sensées expliquer la folie. Les neurologues la réduisent ainsi à une dégénérescence, à une tare héréditaire alors que les philosophes la laissent s’exprimer au travers d’une psychopathologie où la notion de normalité devient confuse.

On commence à envisager l’importance des causes psychiques inconscientes et celle des facteurs socio environnementaux, mais ce discours a bien du mal à s’imposer face à une psychiatrie qui se confond de plus en plus avec la neurologie.

Au XX e siècle s’ouvrent d’autres perspectives.

C’est l’espoir d’abord de voir enfin s’améliorer les conditions de détentions des malades. Et celui ensuite de pouvoir les soigner ou même les guérir avec des traitements appropriés, justifiant ainsi le fait que l’asile soit devenu un hôpital psychiatrique.

Ces efforts aboutissent vers une inévitable reconnaissance sociale de la folie et vers sa prise en charge spécifique.

Mais très vite, ce sera la désillusion et la contestation...

Qu’est-ce qui va pouvoir alors empêcher les théories organiques de revenir en force et la psychiatrie de ressembler à une psychiatrie du cerveau ?

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