jeudi 12 janvier 2017

Je vous invite à lire mon dernier livre " TRANCHES DE VIE EN PSYCHIATRIE" publié récemment. Il complète un peu l'histoire de la folie.




Je viens de partir à la retraite  après quarante années passées à travailler en tant qu’infirmier en psychiatrie. Dans ce livre, qui pourrait certainement aider les nouveaux soignants dans cette profession, je raconte mon expérience, au travers de la vie d’un hôpital, des services, des malades et des collègues que j’ai rencontrés. Il est lisible par tout public.

Beaucoup de sites et de magazines (santé mentale, le cercle psy, sciences humaines, infirmiers.com, santé news, unafam, serpsy, etc) s’y sont intéressés.

De nombreuses écoles d’infirmières en France, en Belgique, en Suisse, au Canada l’ont mis à l’étude cette année.

J’ai été contacté par M Jean-François Marmion, journaliste du Cercle psy Sciences Humaines pour réaliser un podcast visible sur son site  jfmarmion.com
http://www.jfmarmion.com/dominique-sanlaville-tranches-de-vie-en-psychiatrie/

Rapidement la lecture de ce livre ne s’est pas limitée au seul monde des soignants.

 

 

Tranches de vie en psychiatrie

 Réflexions d’un infirmier

 Dominique Sanlaville

 

Infirmier en psychiatrie depuis 1977, j’ai voulu réaliser un travail de réflexion sur l’évolution de la pratique de la psychiatrie en France

Au travers de quelques cas, au travers de la vie d’un hôpital, des services que j’ai connus et des collègues et des malades que j’ai rencontrés, j’ai essayé de transmettre mon expérience et surtout de mettre en évidence ce qui me semble indispensable dans la relation avec le malade.

 

Une psychiatrie déshumanisée :

Des anecdotes, des textes simples à lire, abordables par tous et même parfois volontairement humoristiques présentent ce monde obscur de la psychiatrie qui fait peur, mais qui est souvent le reflet de celui des gens normaux.

Des cas concrets illustrent les différentes pathologies. Et au fil des pages, se dessine cette réflexion qui définit ce que doit être le soin.

C’est aussi l’histoire de cette psychiatrie qui s’est peu à peu dépsychiatrisée, déshumanisée…

 

Disparition de la psychothérapie :

La façon de comprendre, de considérer et d’accepter la maladie mentale a beaucoup changé. Les impératifs budgétaires, les protocoles et une médicalisation trop importante ont réduit peu à peu l’activité du soignant à des gestes techniques aseptisés et rentables financièrement. La psychothérapie a disparu, le mot inconscient n’est même plus prononcé. Les électrochocs et les attaches reviennent en force. On ne prend plus le temps d’écouter et de comprendre le patient, de connaître son histoire et celle, intimement liée, de sa maladie. Il faut surtout le normaliser, effacer ses symptômes pour qu’il ressorte au plus vite avec souvent comme seule aide, son traitement  médicamenteux.

 

Le mal être en psychiatrie ne concernerait pas que les patients :

On a oublié que c’est la relation qui est porteuse du soin. Et sans cette relation thérapeutique, le travail de l’infirmier risque d’être vidé de son sens. En fin de carrière, j’ai l’impression que ce métier n’est plus fait pour moi, je m’y sens mal et parfois même, il m’arrive de ne pas être fier de ce que je fais…

Je constate que mes jeunes collègues ne sont plus motivé(e)s  et veulent s’en aller. Le mal être en psychiatrie ne concernerait donc plus seulement que les patients.

 

 

Tranches de vie en psychiatrie       Dominique Sanlaville

Editions Edilivres       juillet 2016  218 pages

Format papier 17,50 euros      format numérique 1,99 euros

 


 
N'hésitez pas à me laisser un message pour me donner vos avis et commentaires si possible en me laissant une adresse mail à laquelle je pourrai vous répondre. Bonne lecture.
 

dimanche 3 août 2008

ECHEC AU FOU ou L'HISTOIRE DE LA FOLIE



INTRODUCTION

L’ANTIQUITE OU LES BASES DE LA PSYCHIATRIE

1- CIVILISATIONS ANCIENNES

-En Mésopotamie et en Egypte

-Chez les Hébreux

2- ANTIQUITE CLASSIQUE

-En Grèce:

Hippocrate

Les philosophes et la psychologie sociale

-Chez les Romains

LE MOYEN-ÂGE : LA RELIGION CONDAMNE LA FOLIE

1- LES CINQ PREMIERS SIECLES

-La place du fou

-L’apport des philosophes à la psychologie:

St Augustin - St Thomas

-Les premiers hôpitaux, les premières Écoles de médecine

2-LES TROIS DERNIERS SIECLES

-Les sorcières et les fous sont désignés coupables

-Le Malleus Malleficarum

LA RENAISSANCE : L’HUMANISME CONTRE LES SUPERSTITIONS

1- PRATIQUES MAGIQUES ET SUPERSTITIONS

2- LES PROGRES DE LA MEDECINE

3- L’HUMANISME, UNE APPROCHE DEMYSTIFIEE DE LA FOLIE

-La Nef des fous –

-L’Eloge de la folie

4- LES MEDECINS DEFENSEURS DES SORCIERES

-Classification des maladies mentales

XVII e SIECLE : NAISSANCE DE L’HÔPITAL GENERAL

1- REMISE EN CAUSE DES EXPLICATIONS MAGIQUES

ET RELIGIEUSES

2- LA RAISON AU SERVICE DE LA CONNAISSANCE

Harvey – Descartes – Molière

3- LE DEVELOPPEMENT DE LA PSYCHOLOGIE

Sydenham - Spinoza - Burton

4- LA FOLIE DANS LA LITTERATURE

Shakespeare - Cervantes

5- L’EDIT DE 1656

-La lutte contre la pauvreté

-La distinction du fou

XVIII e SIECLE : L’ASILE, L’ALIENE, L’ALIENISTE

1- PERSISTANCE DE LA PAUVRETE

2- LA CONDITION DE VIE DU FOU

3- LA PENSEE PHILOSOPHIQUE

4- LA PENSEE MEDICALE

-La folie est une maladie organique

-Classification des maladies mentales

-Les traitements

5- LES DEFENSEURS DES ALIENES

Rush - Pinel

6- PERSISTANCE DE LA MAGIE

Mesmer - Gall -Les convulsionnaires de St Médard

XIX e SIECLE : LA NEUROLOGIE CONTRE LA PSYCHOLOGIE

1- LES PARTISANS DE L’ORGANOGENESE

-L’étude du cerveau

-L’exemple de la paralysie générale

-Les théories de la dégénérescence

-L’avènement des neurologues

2- LES PARTISANS DE LA PSYCHOGENESE

-Cabanis - Esquirol : la réforme des hôpitaux

La redéfinition du traitement moral- La Loi de 1838

Le problème des monomanies

-La méthode psychothérapie est appelée psychiatrie

-Les psychiatres allemands précurseurs de la psychanalyse

3- PHILOSOPHES ET ECRIVAINS

-Les philosophes et l’inconscient

-Le romantisme et la folie

4- LA MAGIE DE L’HYPNOSE ET DE LA SUGGESTION

XX e SIECLE : ESPOIR ET DESILLUSION

XX e SIECLE : 1 e PARTIE

1- LA NEUROLOGIE S’IMPOSE

-Vers une psychiatrie biologique

-Le partage de la folie

2- UN AUTRE DISCOURS SUR LA FOLIE

-Freud et la psychanalyse

Les disciples et les dissidents

Influence sur la psychiatrie

-L’existentialisme : expression de la souffrance psychique

3- LES THERAPEUTIQUES DE LA FOLIE

-La pauvreté des anciennes médications

-Les thérapeutiques de Choc

-Les traitements psycho pharmacologiques

XX e SIECLE : 2 e PARTIE

1- LA PSYCHIATRIE S’IMPOSE

-La rupture avec le passé dans l’asile

-La reconnaissance sociale de la folie

Cinéma - littérature

2- L’INEVITABLE PROJET DE SECTORISATION

3- LA CONTESTATION

-L’anti-psychiatrie : nouvelle Éloge de la folie

-La psychanalyse contestée

-Les psychothérapies miracles

XX e SIECLE : 3 e PARTIE

1- LE RETOUR AU RATIONALISME

-La recherche des causes organiques

Facteurs biochimiques, héréditaires, viraux

-Vers une psychiatrie de laboratoire

Du DSM I au DSM III

La redéfinition des troubles mentaux

La nécessité de traiter

2- LE NOUVEAU PARTAGE DE LA FOLIE

3- LA FIN D’UNE PROFESSION

-Du savoir-faire à la technique de soin

-Un soin bien administré

EPILOGUE

INTRODUCTION

« Nous appelons folie cette maladie des organes du cerveau qui empêche un homme de penser et d’agir comme les autres »

Voltaire . Dictionnaire philosophique 1764


INTRODUCTION


La folie est irréductible au langage .Quel rapport y a-t-il entre la nature profonde de l’insensé et ce que nous pouvons en connaître et en dire, nous, les gens sensés ?
Tout effort d’écriture à ce sujet trahit une intention mégalomane de cerner la réalité du fou, mais ne réussit qu’à préciser notre rapport personnel à la folie et à prendre position. Ce qui ne peut se faire sans qu’intervienne un jugement subjectif.

La réalité de la folie reste insaisissable, elle est seulement pressentie par des intuitions souvent plausibles, mais toujours improuvables.
Ce que nous en comprenons, révèle quelque chose de sa nature profonde, tout comme la partie immergée de l’iceberg manifeste la présence de sa masse invisible submergée.
S’intéresser à l’insensé, c’est savoir se pencher au bord d’un abîme, c’est accepter de se passer de certitudes.

De telles affirmations paraissent évidemment peu convaincantes aux esprits épris de rigueur médicale qui n’admettront jamais que la folie puisse être une structure irréductible à notre intelligibilité.











"Je dis toujours la vérité,

Pas toute, parce que toute la dire

On y arrive pas

Les mots y manquent;

C'est même par cet impossible

Que la vérité tient au réel " LACAN



La folie nous renvoie à notre ignorance et à notre impuissance. Et l’énigme reste posée qui entraîne encore aujourd’hui le plus assidu des psychiatres dans des labyrinthes où l’on s’égare...

La meilleure façon d’en parler, sans s’échapper de la réalité, consiste à s’en référer à l’histoire. Celle de l’homme et de cette peur qui a souvent contraint l’insensé au silence, par incompréhension ou par mesure de sécurité. Et l’histoire nous apprend comment la psychiatrie a vu le jour, enfantée justement par cette grande peur et par une médecine qui, se voulant science exacte, fut bien soulagée de se débarrasser de cette spécialité encombrante et trop peu rigoureuse, sans avoir le courage d’avouer son impuissance à expliquer ou à traiter les faits psychiques et la maladie mentale.

Ainsi donc est née la psychiatrie, parente pauvre de la médecine, d’une vielle dualité opposant les maladies du corps et celles de l’esprit. Cette opposition, que l’on s’est toujours efforcé de maintenir, s’est accompagnée d’une condamnation morale qui a enfermé la psychiatrie derrière ses murs pour cacher sa honte ; honte de sa folie et de la pauvreté des traitements.

Et la médecine continue d’ignorer que toute maladie est d’abord mentale avant d’être somatique, que la participation psychique du malade, son « moral » contribuent pour une large part à sa guérison. Mais on touche ici à l’intangible à l’irrationnel, à l’inexpliqué...
La logique médicale ne tient pas à s’embarrasser de raisonnements psychologiques ou philosophiques.
Pourtant, dès lors que l’on s’intéresse au cerveau et à la maladie mentale, on est obligé d’y faire référence et la pratique psychiatrique y a toujours trouvé sa spécificité.

Dès l’Antiquité, trois causes principales vont être retenues et se disputeront au cours des siècles pour fournir une explication à l’émergence de la folie :

-Des causes surnaturelles, magiques ou religieuses :

Héritage des traditions culturelles, les idées de superstition, de
possession, de maléfice hanteront l’histoire de la folie et déter-
mineront sa condamnation par l’Eglise.

-Des causes organiques :

Un déséquilibre des humeurs, une maladie physique peuvent en-
traîner la folie. C’est le point de départ des théories Hippocratique
ou Galénique et des explications matérialistes de la neurologie ou
de la neuropsychiatrie.

-Des causes psychologiques :

Très tôt, la folie est aussi perçue comme l’expression d’un conflit
intérieur, mettant en dualité l’âme et le corps ou l’individu dans ses
rapports avec la société.

Tandis que les domaines du surnaturel et de l’organique sont ceux des prêtres et des médecins, celui du psychologique appartient aux philosophes qui donnent à la psychiatrie naissante toute sa portée anthropologique et sociologique.
Partant de là, on peut suivre l’évolution de ces considérations au fil du temps et voir de quelle manière chaque époque a traité ses fous, les a acceptés ou refusés, compris ou châtiés...

Peu à peu, s’éloignant de la démonologie et des superstitions, la psychiatrie est parvenue à s’arracher du médical pour s’affirmer comme une science à part entière, autonome, avec ses propres soignants et ses projets de prévention et de sectorisation.
Elle a acquis ainsi une dimension sociale, et son histoire s’est retrouvée étroitement liée à celle de la société.

Aujourd’hui, notre fin de XX e siècle et début de XXI e affichent une volonté déterminée de supprimer sa spécificité à la psychiatrie. Le soin n’est plus basé sur la compréhension du sens de la maladie. La psychopathologie et la clinique s’effacent devant un rationalisme médical strict qui impose le silence à l’expression du symptôme.
Le médicament, devenu roi, semble détenir tout pouvoir sur la folie et prend la place du savoir-faire et de l’expérience du soignant.

Dans sa pratique, l’infirmier a de plus en plus le sentiment de n’être qu’un distributeur de molécules chimiques. Et le temps qu’il passe encore à l’écoute du malade lui parait bien inutile et superflu, puisque le seul acte thérapeutique qu’on lui demande consiste en l’application rigoureuse des prescriptions pharmacologiques.

Où est passé le discours sur la folie ?

Qu’en est-il de cet espoir qui tantôt avait ouvert à la psychiatrie la possibilité de travailler sur la prévention et la prophylaxie, envisageant ainsi de soigner le trouble mental dans son environnement social ?

Cet abandon du psychologique et du sociologique au profit d’une soumission passive à l’ordre médical laisse peut-être entrevoir des enjeux économiques ou financiers...
Mais les soins que l’on dispense aux malades mentaux peuvent-ils se résumer uniquement à une prise de traitements ?

Prisonnière de cette médicalisation, la folie est condamnée à retrouver ses origines organiques, c’est à dire chimiques,biologiques, héréditaires, virales etc...
Et l’infirmier y perd son appellation de « psychiatrique », tandis que le psychiatre se contente de devenir un simple praticien hospitalier.
En lui supprimant ses soignants, on espère peut-être en finir avec la maladie mentale.

Néanmoins, depuis l’origine des temps, il y a cette rencontre inévitable de l’homme et de la folie. Et les chiffres en témoignent encore aujourd’hui :
830 000 adultes sont suivis chaque année par des services publiques pour troubles psychiatriques et 300 000 personnes effectuent un séjour par an en services spécialisés.
10 % des consultations d’un médecin généraliste concernent des problèmes psychiques.

L’histoire peut nous aider à retrouver le sens que doit avoir la psychiatrie, ce à quoi elle doit répondre pour sortir de l’impasse actuelle d’incompréhension dans laquelle elle est tombée. En redécouvrant l’importance du psychologique et du social, on redécouvre toujours la nécessité de prendre en charge d’une façon spécifique, les troubles mentaux.

Mais il y a cette politique de rentabilité, le manque de moyens, la suppression des lits et du personnel, le retour des contentions…Sans compter l’hygiénisme ambiant et les basses attaques du politique et des médias, dignes de l’âge d’or de l’absolutisme, qui diabolisent et criminalisent les malades mentaux . La situation est compliquée pour les soignants et la peur est tenace et bien entretenue…

Mais les murs qui contiennent la folie sont peut être bien tout autour de nous …

L'ANTIQUITE OU LES BASES DE LA PSYCHIATRIE


L’ANTIQUITE

OU LES BASES DE LA PSYCHIATRIE


La folie fait partie de l’histoire de l’humanité. Elle s’y inscrit comme une expérience fondamentale de l’être humain.

Dans les sociétés primitives, on utilisait déjà des méthodes pour soigner les esprits. Sans avoir la définition de maladie, la folie, comme toute souffrance physique ou psychique, supposait une cause extérieure. Très forte, la croyance au surnaturel faisait que le seul moyen de lutte était la magie, exercée collectivement.
Face au danger que représentait pour le groupe la maladie d’un seul, le soin, guidé par un sorcier ou un chaman, utilisait des rituels incantatoires, des fumigations, des trépanations ou l’absorption de drogues hallucinogènes pour assurer la transe collective.

On peut déjà y voir une thérapie de groupe. Une fois dépossédé,guéri, le sujet malade était réintégré dans la communauté.
L’effet du traitement était psychothérapique et sociothérapique.

Dans les sociétés plus organisées de l’Antiquité, héritières de ces traditions ancestrales, l’art médical reste avant tout une affaire de religion. Les médecins sont des prêtres qui ont su conserver toute la puissance du sorcier et qui, bien souvent, ont encore recours à des pratiques magico religieuses pour chasser les démons responsables ou pour invoquer les Dieux guérisseurs.

C’est en Grèce, avec Hippocrate, que l’on assiste au véritable partage de la médecine et de la magie. Le cerveau est reconnu comme organe de la pensée et les troubles mentaux sont définis sans faire appel à des explications surnaturelles.

La folie, qui tente de s’échapper du domaine de la magie, est alors considérée comme une maladie de l’âme, ce qui fait qu’elle devient tributaire aussi bien de la médecine que de la philosophie.

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CIVILISATIONS ANCIENNES

-En Mésopotamie et en Egypte :

La médecine s’exerce comme un art. Elle a ses lieux et ses praticiens. Des médecins laïques s’occupent des maux physiques.
Mais la maladie mentale reste la préoccupation des prêtres médecins qui, par des méthodes incantatoires ou divinatoires, parviennent à chasser les démons responsables ou à calmer les colères et les vengeances divines.

Toute pathologie est considérée comme une souillure, une impureté. Et la folie plus particulièrement, puisqu’elle représente une conséquence du péché, et impose une purification, une reconnaissance de la faute.

L’incantation, la suggestion, l’interprétation des rêves, pratiquées dans les temples, ont effectivement des vertus curatives.
Il s’agit d’une forme de psychothérapie, à laquelle sont associées très souvent des activités récréatives telles que peintures, danses, concerts, etc...

Les Egyptiens diagnostiquent déjà cette maladie que les Grecs appelleront « hystérie ». Ils pensent qu’elle est due à une malposition de l’utérus et ils la soignent par des fumigations du vagin.

-Chez les Hébreux :

Ce peuple est monothéiste. La vie est basée sur le respect de la Loi. Si la santé est un bienfait divin, la maladie trouve son explication dans le péché, le non respect de la Loi. C’est Dieu qui rend fou et c’est Dieu seul qui, par l’intermédiaire des prêtres, peut apporter la guérison.

La folie est une punition des péchés :

« Et l’Eternel te frappera de délire, d’aveuglement et d’égarement d’esprit ».

( Deutéronome Ch. 28, V. 27 )

Il faut reconnaître la faute pour recevoir le pardon. L’aveu représente une catharsis thérapeutique .

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ANTIQUITE CLASSIQUE

-En Grèce :

Hippocrate :

C’est avec Hippocrate qu’a lieu le véritable partage de la médecine, de la magie et de la religion et que l’on assiste à la naissance de la psychiatrie.

Il se refuse à voir dans les troubles mentaux des manifestations surnaturelles ou religieuses ; il est convaincu que la folie, comme toute maladie, a une cause organique :

« Les maladies ont une cause naturelle et non surnaturelle, cause que l’on peut étudier et comprendre ».

« L’épilepsie n’est ni sacrée, ni divine, elle a une cause naturelle comme les autres maladie ».

Selon Hippocrate, la santé et la vie reposent sur l’équilibre des quatre humeurs qui sont le sang, la flegme ou pituite,la bile jaune et la bile noire, respectivement situés dans le coeur, le cerveau, le foie et la rate.

La maladie, mentale ou physique, s’exprime par un déséquilibre de ces humeurs.

Hippocrate est l’un des premiers à établir une classification des troubles mentaux :

- Phrénitis : c’est une folie accompagnée de fièvre.

- Manie : c’est un délire sans fièvre avec agitation considéré comme une maladie chronique.

- Mélancolie : c’est un état de crainte et de tristesse.

L’origine du mot est : « mélanos cholé » qui signifie « bile noire », ( d’où l’expression « se faire de la bile » ) La bile noire responsable de la mélancolie est présente dans la rate, organe que les Britanniques nomment « spleen », mot qui veut dire aussi mélancolie .

- Epilepsie : c’est la « maladie sacrée » qui fait appel à la démonologie.
Hippocrate la décrit comme une maladie naturelle due au flegme

- Hystérie : elle provient d’une sècheresse et d’une migration de l’utérus.
Hippocrate en la considère pas comme une maladie, s’étant aperçu que le mariage en venait souvent à bout .

Partisan de l’organogenèse, Hippocrate pense que pour soigner la folie, il faut retrouver l’équilibre des humeurs, grâce à des saignées, des purgations, des bains, des régimes alimentaires, un respect de l’hygiène et l’usage de quelques plantes ( Ellébore, séné, mandragore, jusquiame, etc..)

Mais il remarque aussi l’importance de la relation médecin-malade, l’impact thérapeutique de la suggestion, et la nécessité de respecter une déontologie médicale.

Les philosophes grecs et la psychologie sociale :

Avec Hippocrate, la folie devient une maladie. L’âme, comme le corps est capable de souffrir. Cette reconnaissance engage la conscience médicale, puisqu’on y voit une atteinte organique, mais la conscience philosophique aussi, dans la mesure où l’âme est concernée.

Platon, Socrate et Aristote, contemporains d’Hippocrate, reprennent ses théories et orientent leur réflexion vers une meilleure connaissance de l’homme. Inévitablement, la folie apparaît très vite comme l’expression d’un malaise entre l’individu et son milieu social. Il s’en suit des considérations sociologiques et politiques, portant sur l’organisation de la vie en société et sur la nécessaire prise en charge du malade mental.

Les philosophes interprètent les phénomènes psychologiques comme des messages de l’organisme reflétant un état intérieur. L’âme a le pouvoir de s’exprimer à travers le corps. Et cette dualité âme/corps crée une psychologie dynamique où la conscience a une fonction organisatrice.

L’âme doit savoir rester maîtresse des passions et des appétits désordonnés qui agitent et perturbent sans cesse sa vie intérieure. Grâce à la philosophie, ce métier d’ « accoucheur d’âme », par la voie de la sagesse du « connais-toi toi-même », l’individu peut découvrir qu’il a en lui le potentiel nécessaire pour assurer un équilibre des forces de la vie.

Par analogie, la santé de la cité, comme la santé de l’âme dépend du même équilibre intérieur basé sur le respect de certaines règles de sagesse et d’organisation.
La cité, comme l’âme, peut tomber malade et ses troubles s’exprimer par des déséquilibres, des débordements de passions incontrôlées. Ainsi, il s’avère parfois nécessaire de soigner les maux de la cité, parce que la santé de l’un dépend aussi de la santé de tous.
La folie a donc une dimension sociale, et la notion de soin qui s’en dégage implique la responsabilité de toute la communauté..

Selon Aristote, l’homme exclu, retiré de la cité, est un être dégradé qui ne peut être que malheureux.

La psychiatrie, déjà, suppose une prise en charge collective.

-Chez les Romains :

La pratique de l’art médical et l’approche de la psychologie héritées des Grecs sont obligées de s’accorder avec le christianisme naissant. On assiste forcément au retour des explications mystiques et religieuses de la folie.

Si les Grecs avaient bien fait la différence entre la maladie (« nosos ») et le mal (« kakos »), les Romains confondent les deux :

« Mobus » veut dire maladie et chagrin.

« Malum » exprime à la fois le mal, le malheur et la maladie.

« Salus » réunit la santé et le salut.

Celse, médecin sous l’empereur Auguste et auteur du « De arte medica », renoue avec la démonologie, le charlatanisme et développe des méthodes de traitement plus anti-maléfiques que curatives.

Il décrit l’Épilepsie comme une possession.
Selon lui, la peur représente le seul traitement possible de la folie; grâce à elle, on peut guérir le malade en chassant les mauvais esprits qui l’habitent .
Il recommande donc les jeûnes, les privations, les réprimandes, l’usage des chaînes et de l’isolement.

Galien, médecin à Rome, est un rationaliste convaincu dont l’influence pèsera sur la médecine occidentale pendant très longtemps. Il adapte les théories d’Hippocrate aux exigences de la foi monothéiste chrétienne : les troubles mentaux ne peuvent s’expliquer que par des lésions physiologiques. Ainsi, il pense que la mélancolie est due à la bile noire et les délires aigus à la bile jaune.

Malgré tout, il continue d’y avoir des gens pour défendre les thèses psychologiques d’explication de la folie, et heureusement, on en rencontrera tout au long de l’histoire.

Le médecin Asclépiade, qui exerce à Rome, fonde une École qui s’oppose aux doctrines organiques d’Hippocrate. Il est persuadé que les maladies mentales ont souvent des causes affectives. Il prescrit des bains, des massages, du vin, de la musique, des chambres confortables et des traitements humains aux malades.

Sans être médecin, le philosophe Ciceron s’intéresse aux troubles mentaux et se fait le précurseur de la médecine psychosomatique en reconnaissant l’importance des facteurs psychologiques dans certains maux physiques.
Il n’associe pas la mélancolie à une perturbation de la bile noire, mais à des troubles affectifs.
Selon lui, le remède à la maladie de l’âme est la « volonté » .

Il rejoint ainsi les philosophes grecs qui pensent que l’homme peut devenir responsable de son comportement, normal ou anormal, de sa maladie ou de sa santé. La philosophie peut lui aider à acquérir cette connaissance de lui-même, indispensable pour qu’il découvre qu’il a en lui les possibilités de se soigner et de se guérir. Actuellement, on n’appelle plus cela philosophie, mais psychothérapie.


La reconnaissance médicale de la folie, durant l’antiquité, passe par la primauté des causes organiques. Mais, peu à peu, se font jour d’autres explications qui, s’écartant du rationalisme immuable, laissent la place à la psychologie et à des méthodes de traitement autres que les saignées, les purgations, les émétiques ou la peur.

Pourtant, cette vision plus réaliste de la folie allait très vite se teinter d’obscurantisme au cours du moyen âge, où l’on assistera au retour en force des explications surnaturelles.

L’Antiquité reste une noble période, riche d’enseignement, qui, sans avoir bénéficiée de nos connaissances scientifiques, a su développer cette nécessaire approche psycho sociale de la maladie mentale que le XX e siècle devrait lui envier.

On peut considérer qu’à cette époque-là, toutes les bases de notre psychiatrie actuelle étaient déjà établies.

LE MOYEN ÂGE : LA RELIGION CONDAMNE LA FOLIE


LE MOYEN-AGE : LA RELIGION CONDAMNE LA FOLIE

Le christianisme s’impose avec force.

Le soin médical appartient aux religieux qui en font une affaire de charité. Soigner des âmes malades ou sauver des âmes sont deux choses très proches.

Les monastères accueillent les pauvres, les lépreux et les malades mentaux quand ils souffrent de maux physiques. Les moines cultivent des plantes, comme la jusquiame, l’ellébore, le mandragore, le safran et le lupin ; ils inventent des mixtures qu’il faut boire dans les Églises, pendant les messes, pour qu’elles soient efficaces.

L’art et le savoir médical n’étant que religieux, l’Eglise en profite pour affermir son pouvoir et sa domination.

Et la guérison de la folie ne peut passer que par la foi. On a recours à la superstition et à la démonologie pour expliquer ce que la science ne comprend pas. Le traitement des troubles mentaux se tourne alors vers l’exorcisme ; c’est un rite contre l’esprit mauvais, une conjuration du démon qui s’est emparé d’une âme malade. Il représente aussi une punition dans le sens où la folie est assimilée à une faute.

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LES CINQ PREMIERS SIECLES DU MOYEN-ÂGE

-La place du fou :

Durant les cinq premiers siècles du moyen âge, la folie est assez bien tolérée. On enferme peu, on exclut pas. La notion de collectivité reste importante ; les malades mentaux sont acceptés et pris en charge par sécurité et par charité chrétienne. Seuls les plus dangereux sont enchaînés à domicile ou dans des prisons, quand les familles peuvent payer la pension.

Mais en général, même si on pense qu’il renferme le diable, le fou n’est pas condamné ni refusé par la communauté.

Il est l’ « innocent », le pauvre d’esprit auquel le Christ a promis le Royaume des Cieux. C’est un personnage indispensable, car, grâce à lui, on peut faire oeuvre de charité.
Même les papes, à cette époque-là, se sont fait appeler « Innocents ».

La folie, qui conserve son droit de cité, n’appelle pas un soin médical ; sa guérison passe par des exorcismes ou est abandonnée à l’intercession des saints guérisseurs. Seul un saint peut être capable de venir à bout du diable qui habite le corps de ces innocents.
Et les saints guérisseurs de folie sont nombreux au Moyen âge :

St Avertin guérit les vertiges, St Léonard l’épilepsie, St Guy les tremblements imputables au diable, St Valentin les convulsions, etc...

La folie occupe l’espace social et passe dans le folklore.
La fête de la naissance du Christ, au mois de décembre, sort peu à peu de l’Église pour se répandre dans la rue. Elle devient un divertissement populaire où le plus démuni, le plus innocent est reconnu et proclamé roi de la fête.
Et le fou y trouve sa place puisque justement il est cet innocent.
Sa folie est utilisée comme satire morale, raillerie du luxe et de la puissance.

Dans ces jours de liesse populaire, il n’y a plus d’interdit, plus de loi. Alors s’ensuivent ripailles, comportements licencieux et excès en tout genre.
Le fou y gagne en importance sociale. Et c’est ainsi qu’on le retrouve s’installant dans les rangs du pouvoir et jouissant de nombreux privilèges. Chaque seigneur en accueille un à sa cour.

Le Roi Philippe V crée un poste de « fol en titre d’office », dont la fonction justifie le port d’un uniforme: une tunique coupée de travers, des grelots, un bonnet aux oreilles d’âne, une épée de bois et une marotte à tête de folle à la fois sceptre dérisoire et symbole phallique ( elle donnera lieu à l’expression : « avoir une marotte », c’est-à-dire un grain de folie ).

Le souverain trouve dans le fou un véritable complice, qui n’est ni un valet, ni un serviteur, mais celui qui peut oser dire, sans crainte et sans pudeur, à travers ses mimes et ses drôleries, ce que le lourd conformisme religieux interdit. Et le fou du Roi peut profiter de son impunité, sachant que l’on ne condamnera pas un « innocent ».

Thévenin sous Charles V, Triboulet sous François I er, Mathurine sous Henri IV ou Angély sous Louis XIV ont occupé ce poste.

Ces personnages ne sont jamais des fous furieux. Ils présentent parfois, à cause d’une personnalité pathologique, des images atténuées, comiques ou familières de la folie. Mais souvent, ce sont aussi d’habiles simulateurs.

Ce début du moyen âge est donc une période assez controversée, puisque la folie, pourtant rangée du côté de la possession démoniaque par l’Eglise, parvient malgré tout à se faire une place au pouvoir et à le ridiculiser.

-L’apport des philosophes à la psychologie :

Quelques philosophes d’obédience chrétienne vont, sans contredire les affirmations de l’Eglise, tenter d’apporter une explication psychologique à la folie.Ils s’en réfèrent à la sagesse et au discernement des penseurs Grecs. La foi et la morale conservent des affinités, et la maladie de l’âme est encore le point de rencontre du discours religieux et du discours philosophique.

St Augustin :

Il développe une théorie de la « conscience de soi ». Selon lui, la vérité de l’homme est à rechercher dans son âme, et non pas dans le savoir et la science.

Ses « Confessions » font penser au « connais-toi toi-même » de Socrate. L’introspection autobiographique, utilisée comme auto-analyse, s’avère être un instrument de connaissance psychologique de l’âme. La vérité révélée est thérapeutique puisqu’elle permet une prise de conscience intérieure, une meilleure compréhension de la nature humaine et des comportements : l’âme est parfois la proie de la folie lorsqu’elle est débordée par des troubles intérieurs faits d’angoisses, de pulsions, de conflits ou de sentiments.

St Augustin fut ainsi le précurseur de la psychanalyse.

St Thomas :

Comme Aristote, il refuse la vieille dualité formelle de l’âme et du corps. Pour lui, il y a une interaction constante entre les deux, comme entre l’amour et la haine.

Et lorsque l’âme n’est plus en mesure d’assurer la maîtrise des passions, elle sombre dans la déraison.
Les affections, les émotions, les sentiments peuvent donc entraîner la folie.
Et c’est ainsi que l’amour se retrouve promu, pour un temps, au rang des maladies mentales, aux côtés de la manie, de la mélancolie ou de la lycanthropie.

-Les premiers hôpitaux, les premières Écoles de médecine :

C’est en 1409, qu’apparaît le premier hôpital pour malades mentaux en Europe. Il est situé à Valence en Espagne.

On sait qu’il en existait déjà d’autres dans les pays arabes, notamment à Fès au Maroc, à Bagdad (vers 700) ou au Caire (800) .

En France, les premiers hôpitaux généraux, construits à Lyon en542, à Paris en 652 (Hôtel Dieu) , ne s’occupent que des maux physiques. La maladie mentale reste toujours l’affaire des ecclésiastiques.

Deux Écoles de médecine voient le jour au Moyen âge :

Celle de Salerne, en Italie, qui, bien que s’écartant des thérapeutiques religieuses et des superstitions, ne laisse pas de place à la psychologie. La maladie mentale reste considérée comme une maladie organique dans laquelle le cerveau est désigné comme principal responsable. On y découvre, par exemple, que certains abcès des ventricules cérébraux peuvent donner des psychoses que l’on soigne par des saignées et des régimes diététiques.

Celle de Montpellier, qui ne s’affranchit guère du dogmatisme religieux, comme en témoigne le traitement suivant, prescrit par le Dr Villeneuve, pour la manie :

« Perforer le crâne pour que la matière morbifique puisse passer à l’extérieur ». On pense ainsi évacuer les vapeurs nocives et les démons.

La théologie domine donc toute la pensée médicale, qui s’en tient à l’observance des principes spirituels et des explications religieuses. Dès qu’un médecin s’aventure à défendre d’autres thèses, il prend le risque d’être condamné comme hérétique.

La folie est rattachée au démon, ou à une force extérieure indépendante de l’être humain, telle que l’influence néfaste d’un astre par exemple. C’est ainsi qu’est apparu le terme de « lunatique ». En Angleterre, le « Lunatic Asylum » désignera les institutions spécialisées pour recevoir les aliénés.

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LES TROIS DERNIERS SIECLES DU MOYEN ÂGE

-Les sorcières et les fous sont désignés coupables :

Si les cinq premiers siècles du Moyen âge ont assez bien toléré la folie, les trois derniers la bannissent, la condamnent et la persécutent en la rangeant définitivement du côté du péché, de la faute, de la sorcellerie et du démon.

La France, à cette époque, entre dans une période de crise. La guerre avec l’Angleterre ruine le pays. La famine, le manque d’hygiène, des intempéries importantes amènent des Épidémies. Les pouvoirs de l’Eglise sont déstabilisés par les débuts de la Réforme et par différents scandales qui éclatent dans les monastères et les couvents (débauches et orgies) .

La monarchie, quant à elle, est dangereusement mise en péril, par la folie de Charles VI.

Cette période de récession économique et d’insécurité entraîne, comme toute période de crise, des réactions de peur. Et, pour se protéger, on effectue un retour vers des modes de pensée et de comportement plus rassurants parce que déjà éprouvés par le passé.

L’Eglise et les seigneurs, qui craignent pour leur pouvoir, s’unissent pour se défendre. Et, faute de trouver des remèdes au mal, ils vont chercher des coupables.
Par habitude, on dénonce les juifs, mais ce n’est pas suffisant.
Ce qu’il faut, pour rétablir l’ordre monarchique et religieux, c’est combattre l’infamie et l’incroyance. La misère du peuple trouve son explication : c’est une punition divine contre les péchés.

Il faut donc faire acte de foi, lutter contre l’hérésie, réaffirmer les lois de l’Eglise.

-Le « Malleus Malleficarum » : le « marteau des sorcières »:

L’Inquisition est crée en 1199 par le pape Innocent III. Des tribunaux ecclésiastiques nommés pour juger les hérétiques, utilisent un manuel, le « Malleus » (1487), de Kramer et Spencer, qui désigne les coupables : les sorcières et les possédés :

« Quand on ne peut trouver aucun remède à une maladie,c’est que cette maladie est causée par le diable ».

« Toute maladie inconnue et incompréhensible est digne de sorcellerie et toute sorcellerie vient des désirs charnels qui sont insatiables chez les femmes ».

« La femme est un temple bâti sur un égout ».

Les femmes ont le pouvoir d’exciter les passions ; elles ont le diable au corps, elles sont possédées. Chasser le mal revient à chasser la femme qui l’incarne. Les fous, et surtout les folles, se sont trouvés pris au piège de la chasse aux sorcières, étant eux aussi désignés comme des possédés. Folie et sorcellerie sont toutes deux affaires de diable et doivent subir les même châtiments.

Des bûchers s’allumeront alors dans toute l’Europe, jusqu’au XVI e siècle. Le pape Alphonse V déclarera :

« Les sorcières renient Dieu, jurent par le démon, lui vouent des enfants et les sacrifient ».

Et Ronsard dira aussi :

« Les démons sont dans l’air, participants de Dieu comme immortels, des hommes comme animés de passion. Ils aiment, craignent et dédaignent et même veulent concevoir ».

C’est le mythe de l’union charnelle avec Satan.

Pendant toute la longue période du Moyen âge, la folie trouve sa parenté avec la sorcellerie, la démonologie, la superstition dont elle aura bien du mal à s’affranchir par la suite.

Même plus tard, lorsqu’il sera appelé « malade », le fou en conservera les stigmates qui, publiquement, le condamneront dans sa différence.

Si le Malleus fut cette bible du chasseur de sorcière qui énumérait les signes permettant de reconnaître les possédés, aujourd’hui, les médecins ont à leur disposition un DSM (manuel de diagnostic en santé mentale) qui , donnant la liste des symptômes anormaux, permet d’identifier le fou sans se tromper .

LA RENAISSANCE : L'HUMANISME CONTRE LES SUPERSTITIONS


LA RENAISSANCE :

L’HUMANISME CONTRE LES SUPERSTITIONS

Délivrée de la guerre de Cent ans, la France connaît un essor économique marqué par la croissance urbaine, le développement du commerce, de l’industrie et de la presse d’imprimerie.

Le déclin de la féodalité et du clergé font de la Renaissance une période de transition, de remise en question.

Un esprit de recherche tente, peu à peu, d’échapper au poids des lourdes institutions et des idées médiévales erronées.

Les astronomes dénoncent les anciennes conceptions de l’univers, les anatomistes, s’engageant dans la découverte du corps humain, contestent les théories galéniques.

La science et la pensée veulent faire confiance à l’expérience et aux sensations, sans se référer à une autorité.

Les premiers humanistes, tels que Brant, Erasme, Rabelais, Machiavel ou Montaigne, suscitent un mouvement qui s’écarte des doctrines rigides de l’époque pour retrouver la philosophie de l’Antiquité. L’étude des classiques redevient à la mode et permet aux humanistes de combattre les superstitions et l’obscurantisme médiéval.

Mais si cet esprit nouveau essaye de décrire la réalité de façon plus objective, il ne réussit pas à chasser complètement les explications démoniaques de la folie.

La Renaissance reste cette période la plus marquée par l’Inquisition et nombreux sont les fous, les hérétiques et les sorcières qui brûlent encore sur les bûchers.

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PRATIQUES MAGIQUES ET SUPERSTITIONS

Les médecins, pour la plupart, restent très attachés aux superstitions. Ils sont convaincus que les trois affections de la tête alors reconnues : frénésie, manie et mélancolie - s’expliquent par une perturbation des humeurs ou un changement de la bile dés à des influences démoniaques.

Et la thérapeutique applique jusqu’à l’absurde, le principe galénique du traitement par les contraires :

La frénésie est un échauffement des méninges, il faut donc refroidir.

La mélancolie correspond à une surcharge d’atrabile qu’il est nécessaire d’évacuer par des purges, des saignées, des vésicatoires, etc .

L’épilepsie provient d’un engorgement dé à la pituite, ce venin fabriqué par les diables et les démons, et il faut dessécher .

Les maladies de l’esprit sont toujours considérées comme la conséquence du péché et de l’immoralité.

Félix Plater, professeur de médecine, auteur de « praxis medica », explique que les fantasmes sexuels, qui souvent conduisent à la folie, résultent d’une possession par le diable ou d’un châtiment divin.

On s’en tient donc à la bile noire, aux anges déchus attirés dans le corps, aux forces surnaturelles et aux envoûtements pour trouver la cause des troubles mentaux.

La magie et la superstition continuent d’exercer leur influence, même si la Renaissance connaît de réels progrès scientifiques. Alors que l’astronomie révèle des vérités concernant le mouvement des planètes, parallèlement se développe l’astrologie, science de la prédiction .

Même Kepler, qui devient célèbre à partir de 1609 pour ses fameuses Lois d’astrophysique, établit volontiers des horoscopes .

Rabelais, pourtant farouche adversaire du charlatanisme, s’adonne aussi à cette pratique et se fait appeler : professeur d’astrologie.

L’Eglise, qui condamne cette science divinatoire, ne peut empêcher ses papes, d’aller en cachette, consulter des astrologues. Aujourd’hui, nos chefs d’état ont tous, et c’est connu, des consultations de ce type .

Toute civilisation utilise des pratiques magiques. Les découvertes rationnelles suscitent toujours des forces opposées irrationnelles, parce que la science ne suffit pas, à elle seule, à satisfaire le rêve. C’est comme si le « trop savoir » mettait en péril l’âme et son besoin perpétuel d’inexpliqué La Renaissance n’échappe pas à cette règle. Pourtant enthousiasmée par les découvertes scientifiques, elle est attirée aussi par toutes les mancies : géomancie, aleuromancie, cléromancie, chiromancie, etc...

Et l’énorme succès de ces sciences divinatoires favorise l’apparition d’une méthode particulière d’examen du corps humain, que l’on doit à Jérome Cardan :

La métoposcopie :

Anatomiste et chiromancien passionné, auteur d’une autobiographie intitulée
« de propria vita » (1575), Cardan établit que d’après les traits et l’expression du visage, on peut déduire le caractère d’une personne .

La recherche d’une corrélation entre la constitution physique et la personnalité se poursuivra pendant toute la Renaissance.

Cette thèse sera reprise par Gall, médecin au XVIII e siècle, avec la phrénologie. Lombroso, célèbre criminaliste italien du XIX e siècle, tentera à son tour de prouver qu’il existe un lien entre la criminalité et la configuration du visage. De nos jours encore on chercher à reconnaître les indices anatomiques ou comportementaux sensés trahir une pathologie mentale ou une déviance sociale . Cardan est aussi à l’origine d’une autre méthode, beaucoup plus inspirée de la psychologie, et qui, plus tard, sera réellement reconnue pour ses vertus thérapeutiques : la « méthode Coué » .

Il en parle en ces termes: « Seule une conscience coupable rend l’homme malheureux, la fermeté d’esprit est d’un grand secours pour supporter nos maux et pour faire tourner la chance. Pour éviter d’être malheureux, il faut croire que l’on ne l’est pas ».

« Si tu es malade, il faut croire que tu ne l’es pas, te le répéter, le dire aux autres et recommencer » .

En dépit de sa croyance aux démons et à certaines pratiques divinatoires, Cardan a le mérite de reconnaître le pouvoir thérapeutique de la suggestion. Il conseille aux médecins, pour s’assurer de la réussite d’un traitement, de gagner le plus possible la confiance des malades :

« Pour qu’ils guérissent, il faut qu’ils aient confiance en lui, qu’il les persuade de leur prochaine guérison » .

Durant les siècles suivants, on verra se développer l’influence de la suggestion, d’une façon qui ne sera pas complètement éloignée de la magie, avec le mesmérisme et l’hypnose .

La Renaissance prête beaucoup d’intérêt à ces personnes qui sont présumées capables de soigner sans effectuer de traitement réel et sans utiliser de médication. Ce ne sont donc plus les Saints qui guérissent, mais des individus bien vivants, ayant reçus de Dieu le pouvoir d’agir sur les maladies.

C’est ainsi que les rois, anglais ou français, ont acquis la réputation de guérir les scrofules et les écrouelles, par simple attouchement. Ce sont les rois thaumaturges .

A la même époque, Greatrakes, un irlandais, rassemble des milliers de souffrants. Il est considéré comme un « élu de Dieu » capable d’accomplir des miracles. En fait, par une habile suggestion, il pratique surtout une forme de psychothérapie.

Aujourd’hui encore, la foule de guérisseurs, de chiropracteurs, de mages ou de gourous, bien supérieurs en nombre à nos médecins, attestent de l’efficacité des procédés surnaturels persuasifs.

L’attouchement, la chiromancie, l’astrologie et la suggestion ne sont donc pas des pratiques réservées à une époque précise de l’histoire. C’est une réaction humaine que de faire appel au surnaturel pour surmonter ses peurs, ses angoisses ou ses maladies .

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LES PROGRES DE LA MEDECINE

Dans une époque encore entourée de superstitions et de crainte de possession, la médecine parvient malgré tout à avoir une attitude un peu plus scientifique.

Avec la possibilité de disséquer des cadavres - ce qui, auparavant, était interdit par crainte de laisser s’échapper l’âme - l’approche de l’anatomie devient plus réaliste. Léonard de Vinci réussit à faire des coupes du cerveau. Ses carnets de dessins seront très utilisés après sa mort.

André Vésale, médecin et chirurgien, pratique beaucoup de dissections de corps humains. C’est une véritable passion, chez lui, qui le pousse à voler les cadavres la nuit dans les cimetières.

Il publie une oeuvre énorme en 1543 : « Sept livres sur la structure du corps humain » .

Vésale corrige ainsi les erreurs de Galien, telles que la « côte manquante » de l’homme, les « lobes du foie », les « cavités du cœur » ou la « courbure du fémur » . Il différencie le cerveau humain de celui de l’animal et y distingue la substance blanche et la substance grise. Avec Vésale, l’anatomie devient une science à part entière.

Ambroise Paré, alors chirurgien dans les armées de François I er met au point une technique de ligature des artères après amputation, qui remplace la douloureuse cautérisation au fer rouge.

Il rédige un « Traité de la peste, de la petite vérole et de la rougeole » , dans lequel il considère ces fléaux comme des maladies et non pas comme des punitions divines. Il définit aussi plus précisément la notion de contagion.

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L’HUMANISME, UNE APPROCHE DEMYSTIFIEE DE LA FOLIE

La soif de savoir, associée à un désir de liberté intellectuelle, fait naître de grands espoirs dans le progrès.

La science et la raison s’opposent aux pratiques magiques et aux explications démoniaques, pour aller dans le sens d’une meilleure connaissance du corps humain, du caractère, du comportement et des maladies.

La recherche de vérité ne passe plus par Dieu.

Un véritable esprit critique humaniste se développe et impose forcément un changement de la société, des coutumes et des modes de pensée, qui touche au problème de la folie et le remet au goût du jour. C’est ainsi qu’apparaît l’antithème du fou.

Brandt et Erasme vont se servir de la folie, non pas pour décrire l’insensé, le dément ou le malade qui souffre, mais pour réaliser une satire, une caricature des défauts et des paradoxes de la société.

-La Nef des Fous de SÉbastien Brandt (1494) :

C’est la Nef des pauvres, des errants, des « sans boussole »

(ou des déboussolés), « espèce de sans papiers d’autrefois », qui sont rejetés, exclus et accusés de transporter les fléaux comme la peste et la lèpre.

C’est une fiction littéraire écrite en vers:

« Les rues grouillent de fous

Qui battent la campagne

C’est pourquoi en ce jour

Je cherche à équiper

Toute une armée navale

Pour les embarquer tous ».

Brandt utilise l’image négative de la folie.

La déraison ne porte plus à rire comme au Moyen âge. Elle représente maintenant le désordre et la mort, puisque c’est l’humanité toute entière qui, symbolisée par cette Nef des fous, s’en va, insouciante, vers un naufrage inévitable.

-L’Eloge de la Folie d’Erasme (1509) :

C’est une réponse à la Nef des Fous.

Erasme réhabilite la folie en lui accordant une image positive :

« Si tous les hommes sont fous, un seul homme sensé ne pourrait être qu’un Fou véritable » .

La folie ne conduit plus l’humanité à un naufrage inévitable. Au contraire, elle délivre l’homme d’une sagesse trop excessive et du respect des lois trop rigides..

La déraison devient salutaire et équilibrante. Elle est le contre poids d’un conformisme qui s’avère de plus en plus pesant :

« Un sage sans passion, sourd à la voix de la nature, ne serait plus un homme... C’est une grande sagesse que de savoir être fou à propos » .

Erasme décrit le monde vu à travers les yeux de la folie : C’est un monde aussi cohérent que celui vu à travers les yeux de la raison.

La folie est une sagesse et celui qui la possède ne peut que mieux voir... Riche d’enseignement sur la vérité profonde de la nature humaine, elle adoucit les peines et les misères de l’existence en les rendant plus compréhensibles.

On prend conscience que la folie reste relative, puisque c’est toujours la société qui en fixe les limites.

Près d’un demi millénaire plus tard, le mouvement anti-psychiatrique parlera le même langage que celui d’Erasme, comme si, finalement, les considérations sociales portant sur la maladie mentale n’avaient pas évolué. Pourtant, à la suite d’Erasme, les philosophes et les écrivains humanistes s’orientent vers une révision du jugement porté sur les fous. La folie n’est pas qu’une simple déraison, elle apporte une meilleure connaissance de l’être humain. On se rend compte, par exemple, que l’espace séparant le fou du non fou est bien réduit ; le premier étant un peu le reflet du second.

En littérature, la façon de penser et de s’exprimer change.
Elle est animée d’un désir de liberté qui combat l’idée théologique de la vérité révélée du Moyen âge .

La religion et le sacré n’ont plus le pouvoir de tout expliquer. C’est avec les sentiments, la volition, l’expérience et le doute que l’on peut parler de l’être humain.

Et la philosophie, qui commence à faire des infidélités à l’Eglise, enseigne que l’homme, avant d’être intelligent, érudit et bon chrétien, est d’abord un organisme vivant qui doit apprendre à mettre toutes ses facultés, et surtout celles psychologiques, au service de sa vie.

Rabelais décrit les passions charnelles, ces pulsions fondamentales, que l’on passait sous silence depuis des siècles. Il y a cette vérité sur la nature humaine que l’on ne peut découvrir que par l’observation et l’expérience vécue.

Montaigne, en psychologue réaliste, décrit les sentiments, les caractères, les comportements. Il analyse les actions humaines comme dirigées par une force intérieure, une conscience organisatrice qui met tout au service de la vie.

Ses réflexions l’amènent à considérer que la folie n’est pas très éloignée de la normalité :

« Il n’y a qu’un demi-tour de cheville pour passer des plus excellentes manies aux plus détraquées » ( les Essais 1580).

Machiavel, comme Montaigne, délaisse l’abstraction. Les conseils qu’il donne au « Prince » (1513) se fondent sur une connaissance objective des interactions humaines. Les comportements sont décrits comme des phénomènes naturels, sans faire l’objet d’un jugement moral.

D’autres écrivains vont reconnaître cette part de folie inhérente à une nature humaine qui, jusqu’à présent, se voulait bien trop raisonnable :

Pascal : « Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie que de ne pas être fou ». ( Les pensées 1658)

La Fontaine : « On voit courir après l’ombre tant de fous qu’on n’en sait la plupart du temps le nombre » .

Fénelon : « Pour moi, je suis content de rire des fous, tous les hommes ne le sont-ils pas » ?

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LES MEDECINS DEFENSEURS DES SORCIERES

Sans renier leur foi en Dieu et leur croyance au diable, quelques médecins n’approuvent pas les exécutions. Influencés par le courant humaniste littéraire, ils pensent que la science doit s’opposer à ces pratiques dignes d’une époque révolue.

Paracelse, alchimiste, astronome et médecin, célèbre pour les soins qu’il prodigue à Erasme, s’insurge contre l’autorité des anciens en matière médicale.

Selon lui, les maladies mentales, comme toutes les autres pathologies, résultent non pas de l’influence des astres ou des démons, mais de perturbations de la substance intérieure du corps, que l’on peut guérir avec des médicaments.

Il invente l’éther et fabrique beaucoup de remèdes dont il refuse de dévoiler le secret.

Il reconnaît à l’aimant des propriétés thérapeutiques et déclare obtenir des guérisons par le magnétisme.

Il constate aussi que la relation médecin malade joue un rôle important dans l’évolution des maladies.

Weyer, un autre médecin, s’occupe du Duc de Clèves qui souffre d’une dépression chronique.

En s’intéressant à de nombreux cas de sorcellerie et de possession, il tente de démontrer la fausseté des accusations. Il prouve que les sorcières sont bien souvent des malades mentales qui nécessitent des soins donnés par un médecin au lieu d’être interrogées et persécutées par des ecclésiastiques.

Il publie en 1563 un ouvrage intitulé « De l’imposture des démons » qui réfute point par point le Malleus malleficarum.

Comme Hippocrate, il soutient que ce sont les médecins eux-mêmes qui, quand ils sont incapables de guérir certaines maladies, font appel au démon pour les expliquer.

Et pendant longtemps encore, devant l’échec thérapeutique, on se contentera d’affirmer que cela tient au fait que le malade est « nerveux » ou « dérangé ».

-Classification des maladies mentales :

Dans le domaine clinique proprement dit, c’est encore la pensée galénique qui conserve tout son prestige

Jean Fernel, médecin de Henri II, classe ainsi les maladies mentales :

- Maladies avec fièvre :

Frénésie : par atteinte directe du cerveau.

Parafrénésie : par atteinte du nerf sympathique.

- Maladies sans fièvre :

Mélancolie : soit triste (états dépressifs)

soit avec lycanthropie

soit avec excitation (manie, délires de persécution )

- Affaiblissement mental :

Perte de l’intelligence due à une commotion, à une intempérie froide ou de naissance .

Etats stuporeux dus à une abondance de pituite.

Catalepsie.

L’hystérie et l’épilepsie sont classées à part.

Au cours de la Renaissance, même si l’Inquisition brûle énormément de sorcières, d’hérétiques et d’insensés, les progrès des sciences, la raison des philosophes démontrent que Satan n’y est pour rien dans les esprits dérangés et la folie.

La maladie mentale tente donc de s’arracher de ses anciennes parentés avec la sorcellerie et la démonologie pour être reconnue comme une pathologie naturelle dont on essaye de déterminer les causes et les effets.

Quelques hospices s’orientent déjà vers une indispensable prise en charge de la folie :

Bethleem en Angleterre, qui devient Bedlam en 1547, est un établissement réservé aux insensés.

L’ordre de St Jean de Dieu donne naissance aux hospices de la Charité, à Charenton, Senlis, Lyon, Lille, Dinan, etc...

L’ordre de la première Croix Rouge ouvre aussi des institutions.

Mais la bataille contre la superstition est encore loin d’être gagnée.